Publié le 3 novembre 2018 – par Jacques Guillemain (Riposte laïque)
“A Hanoï, je suis heureux de célébrer l’amitié entre nos deux peuples et de rendre hommage au Président Hô Chi Minh, artisan de l’indépendance d’une grande et belle Nation. L’austérité sereine du bureau de Hô Chi Minh montre combien le travail et le calme, la détermination et la constance servent les projets des Etats.”
Signé : Edouard Philippe.
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Monsieur le Premier ministre, nul ne saurait vous reprocher votre visite officielle au Vietnam, pays attachant avec lequel la France a gardé des liens indéfectibles, depuis l’époque coloniale et la fin de la guerre d’Indochine.
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Il est temps en effet de “regarder notre passé commun de façon apaisée” et surtout de regarder l’avenir, en développant nos échanges commerciaux avec le peuple vietnamien, intelligent, courageux et travailleur.
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En Europe, nous ne sommes que le 3e partenaire commercial du Vietnam, derrière l’Allemagne et l’Italie, alors que culturellement, l’empreinte laissée par la France durant près d’un siècle, est toujours bien présente.
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« Nos deux pays ont un passé commun, mais nous regardons toujours vers l’avant et l’avenir. La France a laissé beaucoup de choses en termes de culture, d’économie, de recherche scientifique, qui sont très importantes pour le Vietnam », a dit le Premier ministre vietnamien.
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Je salue votre moisson de contrats, un pactole de 10 milliards, particulièrement bienvenu pour nos entreprises et nos 6,5 millions de chômeurs.
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Je salue aussi votre déplacement dans la cuvette de Dien Bien Phu, qui vit la tragique défaite de notre armée et signa à la fois la fin de la présence française en Indochine et le début de la désintégration de notre Empire colonial.
Un désastre qui a marqué nos soldats pour longtemps et restera dans l’Histoire militaire de la France comme une défaite aussi retentissante que celles d’Azincourt ou de Waterloo.
Vous avez fleuri les deux mémoriaux, français comme vietnamien, bâtis en souvenir des quelque 13 000 morts et disparus de la bataille et visité le bunker du général Christian de Castries, qui dirigea les troupes françaises jusqu’à sa capture et à la défaite, afin de rendre « hommage aux soldats français qui sont morts, qui se sont battus, qui ont parfois été faits prisonniers à la fin des combats ».
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Parfait. Encore que je n’aie guère apprécié que les autorités vietnamiennes n’aient pas daigné vous accompagner au mémorial français, se contentant de vous rejoindre pour la visite du mémorial vietnamien…
Oui, 64 ans après Dien Bien Phu, il est temps de regarder l’avenir.
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Mais était-il besoin, Monsieur le Premier ministre, d’honorer la mémoire d’Hô Chi Minh, comme vous l’avez fait, alors que ce sinistre personnage est responsable de la mort de dizaines de milliers de nos soldats, traités de la façon la plus barbare qui soit dans les camps de prisonniers vietminh ?
Ignorez-vous qu’ils ont été traités comme des bêtes, dans la plus pure tradition des geôles communistes soviétiques ou chinoises ? Affamés, abominablement torturés, humiliés, abandonnés sans soins aux maladies multiples.
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Ignorez-vous qu’il ont subi un lavage de cerveau continuel, afin de les anéantir physiquement, de les broyer moralement, de les avilir totalement, et tout cela dans le seul but de les voir mourir “rééduqués” ?
La vérité est que Hô Chi Minh n’est pas seulement le libérateur du peuple vietnamien, l’icône du tiers-monde encore colonisé.
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C’est un horrible dictateur communiste, de la trempe d’un Staline ou d’un Mao.
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Voici les chiffres de l’horreur des camps vietminh vécue par nos malheureux soldats. Chaque citoyen devrait les connaître.
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Entre 1947 et 1954, ce sont 37 979 soldats français, y compris les troupes coloniales, qui ont été faits prisonniers dans plus d’une centaine de camps vietminh.
Mais seulement 10 754 en réchappèrent, à l’état de squelette.
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72 % de nos soldats faits prisonniers sont morts des mauvais traitements.
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Le taux de mortalité y fut supérieur à celui des camps nazis, la “référence” en termes d’inhumanité !
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“L’espérance de vie du prisonnier moyen : six à neuf mois pour un Européen !”
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Et, comble du cynisme du Viet-Minh, nos soldats capturés étaient surnommés les “hôtes forcés de l’accueillant peuple vietnamien”.
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Voyez-vous, Monsieur le Premier ministre, il y a encore des millions de citoyens qui n’ont pas oublié “le monde d’avant”.
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Des citoyens auxquels on apprenait la grandeur de la France et de son Empire, qui s’étendait sur tous les continents.
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Je fais partie de cette génération, encore nombreuse, pour laquelle les mots patriotisme et honneur ont encore un sens et pour laquelle le mot repentance n’a aucune signification, tant il est injustifié. Car l’œuvre civilisatrice de la France a fait faire un bond en avant de 1 000 ans à des millions d’hommes et de femmes à travers le monde.
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Tout Français peut être fier de l’épopée coloniale que le pouvoir dénigre.
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Par conséquent, comme beaucoup de Français attachés à leur patrie, je juge scandaleux qu’on salisse notre armée, comme vient de le faire le président de la République, en l’accusant d’avoir pratiqué la torture en Algérie, sans évoquer, bien entendu, les abominations et les atrocités commises par le FLN.
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Il est insupportable que vous ayez célébré la mémoire d’un bourreau sanguinaire, responsable de la mort de près de 28 000 de nos soldats du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient, qui furent traités de la façon la plus inhumaine qui soit lors de leur captivité.
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Avant de partir au Vietnam, vous auriez dû vous informer sur ce qu’ont vécu nos soldats dans les geôles vietminh. Sans doute auriez-vous eu une autre perception de cette guerre devant le mémorial français de Dien Bien Phu.
http://www.anai-asso.org/NET/document/le_temps_de_la_guerre/la_guerre_dindochine/les_camps_du_viet_minh/index.htm
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Rendre hommage à Hô Chi Minh, c’est salir la mémoire et le sacrifice de nos soldats morts en Indochine.
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Mais tout cela, hélas, est dans la lignée d’un pouvoir qui se montre incapable d’honorer son armée pour le centenaire de l’armistice. Incapable de célébrer la victoire des Poilus. Incapable de rendre hommage à nos huit maréchaux de 14-18, artisans de la victoire.
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Monsieur le Premier ministre, vous ne percevez même pas combien vous faites de mal à la France et à notre armée. Le désamour de l’exécutif envers nos soldats est pitoyable.
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En ces temps plus qu’incertains, où un embrasement généralisé de nos banlieues n’est pas exclu, c’est sur notre police et notre armée que reposera votre pouvoir.
Ces deux forces sont les piliers de la République.