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Ils sont donc trois candidats qui cumulent environ 40 % des intentions de vote et qui ne parviennent pas à obtenir les parrainages nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle. Éric Zemmour, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ne savent plus à quel dignitaire se vouer : président de la République, président de l’Association des maires de France, élus. Sans obtenir, à ce stade, autre chose que des dérobades ou des sarcasmes. Anne Hidalgo, qui tourne autour de 3 % d’intentions de vote, a brillé une fois de plus par son esprit d’ouverture en déclarant à propos des candidats en difficulté que s’ils n’obtenaient pas leurs 500 parrainages, c’est qu’ils ne méritaient pas de participer à la présidentielle.
Ajoutons à cette situation :
– des maires qui voudraient bien parrainer mais qui vivent dans la peur de représailles électorales, financières mais aussi physiques, au vu du nombre d’agressions que subissent désormais les élus ;
– des partis politiques liés aux mêmes candidats dits « populistes », auxquels les banques refusent des prêts bancaires et qui ne peuvent financer leurs campagnes ;
– une remise en cause permanente de la liberté d’opinion avec un espace médiatique toujours plus soumis à la censure et à la dictature de la pensée unique.
Voilà l’état de notre « démocratie » à quelques mois des élections présidentielles. De graves dysfonctionnements qui s’inscrivent dans le cadre plus large d’une dérive oligarchique de notre système politique. Ce que les médias ont coutume de nommer pudiquement une « crise de la représentation ».
La dernière élection présidentielle de 2017 en est un cas d’école : plus d’un quart des inscrits ne sont pas allés voter au second tour (taux d’abstention le plus élevé depuis 1969). Emmanuel Macron a été finalement élu par seulement 43,6 % des électeurs inscrits. Un choix qui s’est révélé être par défaut pour 43 % de ses électeurs, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria. Et, pour couronner le tout, 61 % des sondés, selon le même sondage, ne souhaitaient pas lui donner une majorité absolue à l’Assemblée nationale lors des élections législatives de juin 2017.
Désaffection qui se cumule avec le phénomène de l’abstention massive qui n’en finit plus de battre des records : 65,7 % d’abstention pour les régionales de juin 2021 et 58,4 % pour les municipales de juin 2020.
Ce ne sont pourtant pas les analyses en forme d’avertissements qui manquent : en avril 2020, l’institut Ipsos constatait « une crise de la représentation politique plus forte que jamais », avec 85 % des Français qui estimaient que les élites politiques, économiques ou encore médiatiques « ont des intérêts fondamentalement différents de ceux de la grande majorité de la population ».
Ce n’est plus une « fracture » mais une secessio plebis. Nos élites en tiennent-elles le moindre compte ?
Interrogé, mardi dernier, sur une éventuelle réforme du système de parrainage, Gérald Darmanin déclarait : on « ne change pas les règles du jeu à quelques jours du match ». Et, effectivement, pourquoi changer les règles du jeu quand on sait que les dés sont pipés ? Bienvenue en post-démocratie.
Frédéric Lassez, Boulevard Voltaire
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