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°° WEBTUBE : Alors que la France s’enfonce, chaque jour, un peu plus dans la crise, que le pays subit un véritable déclassement et que les influences étrangères sont toujours plus prégnantes, il n’est pas toujours aisé d’en comprendre les causes. Outre l’amateurisme de tout ou partie de la classe politique, l’un des grands enjeux de notre temps, souvent méconnu du grand public, est l’impréparation française à la guerre économique. Forme de conflit hybride, l’histoire de celle-ci est ancienne et encore trop ignorée aujourd’hui. Son importance est pourtant capitale. Aujourd’hui, BV vous propose une plongée dans ce monde secret à travers l’ouvrage La Guerre économique au XXIe siècle, écrit par Christian Harbulot, le fondateur et directeur de l’École de guerre économique (EGE).
Le livre se divise en sept chapitres, eux-mêmes structurés en diptyques. D’abord, Christian Harbulot introduit un thème. Ensuite, un autre expert donne une application concrète du propos précédemment développé. Le chapitre 2, par exemple, est intitulé « Guerre militaire et guerre économique ». Prenant l’exemple de l’invasion russe de l’Ukraine, des deux guerres mondiales ou encore des guerres de coalition, l’auteur insiste sur les dimensions économiques de ces conflits, trop souvent reléguées au second plan derrière l’importance accordée aux batailles dans l’imaginaire collectif. Ainsi, le focus de ce chapitre, écrit par Jean-François Bianchi, professeur et membre de l’École de pensée sur la guerre économique, s’intitule « Le dépassement de la vision clausewitzienne de l’affrontement ». Le stratège prussien était obsédé par l’idée de bataille décisive, qu’il qualifiait de « centre de gravité de la guerre ». Pourtant, Hannibal avait fini par perdre sa guerre face à Rome malgré ses victoires retentissantes, de même que les empires français puis allemands furent défaits en dernière instance dans des temps plus proches. Ainsi, le contexte, notamment économique, qui entoure un conflit militaire importe autant, sinon plus, que le conflit lui-même. En d’autres termes, la stratégie importe plus que la tactique. Clausewitz est pourtant connu pour avoir dit : « La guerre est une continuation de la politique par d’autres moyens. » C’est là, justement, tout l’enjeu de la guerre économique : elle est la guerre en temps de paix. Ainsi, les différents acteurs de ce conflit larvé n’utilisent pas des fusils et des obus, mais des armes tout aussi redoutables. Espionnage, influence, corruption sont autant de moyens qu’une puissance utilise pour en soumettre une autre.
Guerre économique entre alliés stratégiques : l’Union européenne
Le cinquième chapitre, intitulé « De l’extension des théâtres d’opération », prend ainsi en exemple « La guerre économique dans et via l’Union européenne ». Ce focus, écrit par Nicolas Ravailhe, avocat et professeur à l’EGE, montre la dissonance cognitive française sur la question de l’Union européenne. Pour l’auteur, l’Europe est un terrain de guerre économique. Seuls les Français en ont une vision idéaliste, les autres États cherchant avant tout à utiliser les mécanismes de l’UE pour défendre leurs intérêts quand nous cherchons à construire une « Europe-puissance », même si cela doit se faire à notre propre détriment. L’euro est, par exemple, souvent perçu en France comme un symbole d’unité du continent sans que les Français ne comprennent pour autant la réalité de la monnaie unique : « L’euro a offert à l’Allemagne une dévaluation compétitive tout en conservant une monnaie forte. […] Avant l’introduction de l’euro, les exportations de véhicules allemands étaient trop chères pour de nombreux Français. Elles inondent désormais notre pays. » Pareillement, les influences d’États tiers sont pointées du doigt. Sur la Chine, l’auteur écrit : « Si l’UE refuse de se protéger efficacement face à la Chine, c’est que des États membres sont gagnants et complices. » La réalité de l’Union européenne est ainsi méthodiquement exposée afin que nos compatriotes prennent conscience de la guerre silencieuse qui se joue en son sein. Une guerre qui ne dit pas son nom mais qui appauvrit peu à peu notre pays au bénéfice d’autres membres de l’Union, lesquels exploitent l’idéalisme français à son égard ainsi que nos dissensions. Pendant que nous débattons sur l’Europe, nos partenaires, eux, profitent de notre distraction pour servir leurs intérêts au détriment des nôtres…
La Guerre économique au XXIe siècle est de ces ouvrages qu’il faut lire afin de mieux comprendre le monde dans lequel nous évoluons. Dans un monde capitaliste globalisé, le prisme des intérêts économiques permet de comprendre bien des choses et ne laisse aucune place à la moindre naïveté.
Louis de Torcy, BV