. Libérez Boualem Sansal, le Soljenitsyne franco-algérien

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°° WEBTUBE : Où est donc passé Boualem Sansal, l’écrivain algérien grand amoureux de la France et naturalisé français en 2024 par Macron ? Depuis son arrivée à Alger samedi, lui et le journaliste qui l’accompagnait se sont volatilisés et leurs téléphones ont été désactivés. Il se dit qu’ils seraient aux mains des services de sécurité algériens, accusés « d’intelligence a avec l’ennemi ».

Quel ennemi ? La France honnie depuis toujours, ou bien le Maroc, grand rival dans le conflit qui oppose Alger et Rabat sur le Sahara occidental ?

On penche évidemment pour la France, accusée de tous les maux depuis l’indépendance et jugée responsable du naufrage de l’Algérie, par un pouvoir corrompu qui s’exonère de son incompétence et de sa tyrannie. Quand un Vietnamien oublie la colonisation et la guerre pour bâtir son avenir, un Algérien rumine le passé. Preuve que les cultures ne se mélangent jamais.

Depuis 1962, on frise régulièrement la rupture entre Paris et Alger, un divorce dans lequel les élites algériennes auraient tout à perdre, tant elles profitent de cette France vache à lait, constamment humiliée et insultée mais résignée depuis longtemps à la haine que lui vouent les prédateurs au pouvoir en Algérie.

Depuis Ben Bella, ce grand pays, aussi riche que l’Afrique du Sud en 1962, a poursuivi sa lente descente aux enfers, dilapidant le fabuleux héritage colonial. Vivant de la seule rente pétrolière, le pouvoir a été incapable de préserver son agriculture jadis exportatrice et se retrouve aujourd’hui contraint d’importer la moitié des denrées alimentaires nécessaires. Quant aux infrastructures, les plus modernes d’Afrique en 1962, elles sont à l’abandon.

Une cruelle vérité que Boualem Sansal et son ami Kamel Daoud ne cessent de rappeler au fil de leurs ouvrages et de leurs interviews.  Évidemment très critique avec le pouvoir en place à Alger, Boualem Sansal est censuré dans son pays natal.

Car cet écrivain de grand talent incarne le courage, la défense de la liberté et de la vérité. Il n’a cessé de combattre l’islamisme, de dénoncer les oppressions de toutes sortes, dont la tyrannie du régime algérien.

Comme le dit Yves Thréard, Boualem Sansal, c’est « le Soljenitsyne face à l’URSS et au communisme ».

Jugé trop critique vis-à-vis du pouvoir algérien, trop conciliant à l’égard d’Israël et du Maroc, Boualem Sansal est surtout coupable d’énoncer les vérités qui dérangent un régime discrédité et désavoué par le peuple depuis bien longtemps.

Son positionnement sur le Sahara occidental n’a fait qu’aggraver son cas, alors que la France a reconnu la marocanité de cette région. Déclarant récemment que lors de la colonisation de l’Algérie, toute la partie ouest du pays appartenait au Maroc, Boualem Sansal accusait en outre le régime militaire d’Alger d’avoir créé le Front Polisario pour nuire au Maroc.

Rappelons que le Polisario revendique l’indépendance du Sahara occidental avec le soutien d’Alger. Le positionnement raisonnable de Macron sur ce dossier, en faveur du roi du Maroc, n’a fait qu’attiser les braises entre Paris et Alger.

Ce qui désespère Boualem Sansal, c’est que le nom de son pays, Algérie, est devenu synonyme de terreur alors qu’il avait tout pour réussir. Dans une lettre de colère adressée à ses compatriotes, il dénonçait la dérive totalitaire du régime, gangrené par la corruption et menacé par l’islamisme. Mais il rappelait aussi la richesse exceptionnelle de ce pays, touché au cours de sa fabuleuse histoire par tant de civilisations, la numide, la judaïque, la carthaginoise, la romaine, la byzantine, l’arabe, l’ottomane, la française.

L’Algérie post-coloniale aurait pu devenir le phare de la Méditerranée en développant ses atouts, le pétrole, le gaz, l’agriculture et des infrastructures remarquables. Mais ce sont des prédateurs qui ont pris les rênes du pays. Les mêmes qui veulent faire taire Boualem Sansal.

Nous attendons donc que l’État algérien s’explique. Où est donc passé Boualem Sansal, citoyen algérien mais aussi français, que Macron doit défendre avec la plus grande énergie ?

« J’espère vivement que mon ami Boualem Sansal reviendra parmi nous très bientôt », vient de déclarer l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud.

Oui, qu’il revienne au plus vite et que toute la France soutienne sans faiblir ce grand combattant de la liberté.

(source : Figaro)

Jacques Guillemain, Riposte Laïque

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