Le clown et l’abîme : une allégorie tragique

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Articles  : Fev. 2023Jan. 2023Dec. 2022 –   Nov.2022 Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100069673161887

Le 10 février, le grave accident de la route qui s’est produit en Seine-et-Marne, faisant cinq blessés dont quatre graves et provoquant la mort d’un enfant à naître, ne serait qu’un fait divers (expression horrible pour ceux dont la vie est dévastée à jamais) parmi les autres, une statistique, si le présumé responsable de l’accident n’était une célébrité du show-business. Un clown généralement triste, connu pour ses numéros sur ton d’amertume et sa vie sous addictions.

Depuis ce 10 février, l’affaire occupe les médias au point d’éclipser partiellement (et opportunément ?) des débats politiques pourtant fondamentaux. On serait tenté de se désoler que ce fait aux allures banales acquière une telle résonance. C’est, en effet, tragique pour ceux qui furent impliqués dans l’accident, bien malgré eux, mais est-ce d’importance nationale ? Les blessés souffriront probablement de séquelles définitives, leur existence est bouleversée, mais le destin du pays n’est pas en jeu, nous dira-t-on.

Et si cette appréciation était une erreur ? N’y a-t-il pas dans cet épisode trop commun une allégorie tragique de ce que notre société est en train de devenir ? Ce clown triste, qui courait vers l’abîme par de chimiques vertiges, n’est-il pas une image de notre collectif tenté par le désespoir et essayant d’y échapper avec les recettes héritées de la révolution moderne des mœurs ?

Bien sûr, la notoriété de Pierre Palmade n’est pas pour rien dans l’écho médiatique dont cette affaire bénéficie. La chute des gens riches et célèbres fascine souvent dans un mélange de pitié et d’envie enfin satisfaite. Ne nous arrêtons pas à cela. Et s’il y avait là un électrochoc salutaire, un avertissement à ne pas gâcher ? Pour l’intéressé lui-même, qui doit définitivement comprendre qu’il lui faut changer de vie, se consacrer à réparer autant qu’il est possible les dommages causés sur les autres et sur lui-même. Pour nous tous aussi. Si nous n’avons à proposer aux hommes, et aux plus jeunes en particulier, que les différents paradis artificiels pour combler le vide, la collision fatale viendra tôt ou tard. L’histoire de Pierre Palmade est celle d’un choc annoncé, malgré les nombreux efforts de son entourage pour l’en sauver. C’est aussi, peut-être, la nôtre si le discours proposant la légalisation des drogues – le cannabis d’abord, le reste viendra ensuite – persiste à désigner ce chemin de perdition comme un divertissement inoffensif et sympathique.

Dans notre pays, la consommation de drogue s’est répandue dans toutes les classes sociales et jusqu’au moindre village. Nous étions déjà sur le podium des anxiolytiques. Regarderons-nous cela comme une fatalité irrésistible ? Ne ratons pas cette occasion, ne gâchons pas cet avertissement au prix terrible. Il nous faut retrouver l’énergie d’affirmer que la volonté est la noblesse d’une existence. Nos gouvernants doivent laisser là les gazouillements numériques et se saisir de cette tragédie pour en tirer ce qu’elle pourra donner de meilleur, dire que la vie mérite mieux que l’anesthésie et l’ivresse. Les addictions enferment dans un repli toujours plus fort et dans la délectation de plaies réelles ou imaginaires. Un affaissement d’abord confortable est vite suivi par une déchéance mortifère, un processus que tous ceux qui sont appelés à intervenir, forces de l’ordre et soignants, connaissent bien. L’heure du réveil est venue.

Jean-Frédéric Sellier, dans Boulevard Voltaire

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