Articles : Avr. 2021 – Mar.2021 – Fev.2021 – Jan.2021
À Montpellier, une femme voilée a interpellé Emmanuel Macron sur le manque de mixité dans le collège de son quartier. En regrettant le départ des petits Pierre. Voilà donc que la dame reprend, sous l’œil complaisant des médias, l’hymne officiel à la mixité sociale, la nouvelle potion magique qu’Emmanuel Macron va reprendre dans son futur programme présidentiel. Quel heureux hasard !
L’expression novlangue mixité sociale est doublement trompeuse : elle n’a rien de social et ne désigne pas les sexes. Elle signifie, en réalité, la volonté de rendre obligatoire le mélange des personnes issues de l’immigration et des autochtones : dans les écoles (aux États-Unis, cela s’appelait le busing), dans les logements , dans les quartiers, bref, partout.
Non seulement les promoteurs de cette mixité oublient de demander aux Français s’ils ont envie, eux, de vivre parmi des personnes qui n’ont pas les mêmes mœurs, la même religion ni les mêmes valeurs qu’eux. Mais tous ces beaux discours peinent à cacher une sinistre réalité : l’assimilation des personnes immigrées au destin français ne fonctionne plus. Et c’est justement parce que l’assimilation ne fonctionne plus, alors même que l’immigration ne cesse pas, que la France devient un agrégat de communautés de plus en plus éloignées les unes des autres.
Pourquoi l’assimilation ne fonctionne-t-elle plus en France ?
Parce que l’immigration de masse que connaît notre pays depuis des années (450.000 entrées officielles par an, sans compter les immigrants clandestins, soit, rapporté à la population française, un effort bien supérieur à celui des États-Unis) rend illusoire toute assimilation.
L’assimilation ne peut fonctionner qu’à six conditions, en effet :
– que la personne ait vraiment la volonté de s’assimiler à la culture et aux mœurs de son pays d’accueil ;
– que le pays d’accueil ait suffisamment confiance dans son identité et ses valeurs pour offrir quelque chose à quoi s’assimiler ;
– que l’écart culturel entre le pays d’accueil et le pays d’origine de l’immigrant ne soit pas trop grand ;
– que l’immigrant rompe ses liens avec son pays d’origine ;
– que les flux d’immigration restent raisonnables et étalés dans le temps ;
– qu’il n’y ait pas déjà une forte communauté de personnes issues de l’immigration dans le pays d’accueil.
Aucune de ces conditions n’est remplie aujourd’hui. L’assimilation individuelle reste possible, mais pas celle de populations entières.
Comme animal social, l’homme préfère vivre avec ceux qui lui sont proches. L’immigration de masse encourage donc la concentration des immigrants dans les zones où résident déjà d’autres immigrants. Et il provoque, en sens inverse, ce qu’on appelle outre-Atlantique le white flight : les autochtones qui en ont les moyens quittent les quartiers où la population change du fait de l’arrivée d’immigrants.
Les belles âmes qui réclament aujourd’hui la mixité sociale veulent, en réalité, l’imposer à la France d’en bas, celle qui n’a pas voix au chapitre. Mais elles se gardent bien de se l’imposer à elles-mêmes comme à leurs familles.
Vouloir imposer la mixité sociale sans arrêter l’immigration de masse ne résoudra rien.
Michel Geoffroy, dans Boulevard Voltaire